Artiste
Charles Gagnon. Québec artiste photographe designer cinéaste. Ce site du web rend compte des faits marquants du parcours artistique de Charles Gagnon.
Toutes les images de ce site Web sont la propriété de The Estate of Charles Gagnon et sont protégées par des droits d'auteurs. Tout droits réservés.
Ce document rend compte des faits marquants du parcours artistique de Charles Gagnon, en omettant toutefois sa production en design, de même que l’essentiel de ses réalisations d’environnement cinétiques et sonores. Il a été établi à partir de la documentation disponible sur l’ensemble de son œuvre (en particulier, des catalogues des expositions à caractères rétrospectifs du Musée des beaux-arts de Montréal, publié en 1978, et du Musée du Québec, en 1998) et à partir de nos échanges avec l’artiste. Texte biographique reproduit avec l'aimable autorisation du Musée d'art contemporain, à partir du catalogue produit par le Musée pour la rétrospective Charles Gagnon au Musée d'art contemporain du 8 février au 29 avril, 2001. Certaines œuvres citées au fil du texte sont accompagnées de leur numéro de catalogue lorsqu’elles y sont reproduites. L’astérisque (*) signale les expositions itinérantes. Texte biographique original écrit par Martine Perreault, traduit vers l'anglais par Collette Tougas.
1934 Charles Gagnon naît le 23 mai à Montréal (Québec). Il est le troisième enfant de Jeanne Geoffrion (1898-1983) et de Jean Gagnon (1900-1973), un courtier d’assurances. Lui et ses sœurs aînées, Michèle (1924-) et Louise (1925-2008), grandissent au sein d’un milieu familial aisé, ouvert à la culture.
1942 Gagnon entre au Collège Stanislas (Montréal) et s’initie, vers 1946, à la peinture et à la photographie.
1948 Il fréquente le Collège Loyola (Montréal) et poursuit ses activités photographiques, fixant sur pellicule des coins de nature, ses amis, les parties de football, etc.
1950 Après des études à l’École supérieure de préparation scientifique (Montréal), Gagnon se résout à faire carrière au bureau de son père, mais se sent bientôt aliéné par ce travail qui ne convient aucunement à son tempérament et à ses intérêts. Un ami lui fait découvrir la vitalité du milieu artistique gravitant autour du Café Carmen, rue Stanley, à Montréal. Armand Vaillancourt, Lutz Dille et Jimmy Jones, avec lequel il se lie d’amitié, y ont entre autres leur atelier. Robert Roussil, Patrick Landsley, Vittorio (Fiorrucci) et Guy Borremans sont également parmi les artistes rencontrés dans ce secteur d’effervescence culturelle, au début des années 50.
Vers 1952, Gagnon se remet à peindre et développe une véritable passion pour la musique… de jazz en particulier. Au cours de l’hiver 1954-1955, il découvre l’expressionnisme abstrait (qui connaissait une diffusion) et choisit d’étudier l’art à New York, enfin résolu à suivre sa vocation. Issu d’une famille « qui demandait un peu de rationalisation… » 1, Gagnon opte pour une formation en design.
Durant son séjour aux États-Unis (1955-1960), il rendra quelques visites sporadiques à sa famille au Québec et en profitera pour voyager, notamment dans le nord-est des États-Unis et dans les provinces maritimes du Canada.
1955 Fin mai début juin, Gagnon s’installe dans la métropole américaine; il s’y trouve dans une conjoncture exceptionnelle qui stimula sa curiosité et l’entraîne rapidement dans une dynamique de production intense. En effet, entre 1950 et 1960, New York connaît une période d’épanouissement artistique très féconde. Les valeurs véhiculées par l’expressionnisme abstrait, devenu symbole de la culture « libérale » américaine, sont déjà remises en question par l’apport novateur d’artistes tels Robert Raushenberg et Jasper Johns (arts), John Cage (musique et performance), Robert Frank (photographie et cinéma), Merce Cunningham (danse) ou encore Jack Kerouac (littérature), auxquels vont se rallier la jeune génération et les talents les plus hardis de la communauté artistique. Gagnon évoluera dans ce contexte, menant avec rigueur sa formation académique et sa production artistique.
Inscrit à la Parsons School of Design, il suit, en 1956, des cours d’histoire de la peinture le soir avec Paul Brach, à la New York University. L’année suivante, il entre à la New York school of Interior Design, après avoir fréquenté un temps l’Art Students' League et le New York Institute of Photography. Un local exigu situé au sous-sol d’un édifice de la 71e Rue Est, près de la 2e Avenue, lui sert d’atelier. Bientôt, la fréquentation des bars jazz, des galeries d’avant-garde (Sidney Janis, Martha Jackson, Betty Parsons, Kootz, Stable, Green) et des grands musées s’intègre à son régime de vie. Il lit les revues Arts, Art news et It is (à partir de 1958); s’intéresse à la littérature américaine, notamment aux écrits des romanciers John Henry O’Hara et Jack Kerouac, de même qu’aux philosophies orientales – au bouddhisme zen, en particulier. Les collections d’art ancien du Met – plus spécifiquement égyptien, mésopotamien et maya – le fascinent.
“For the first year, the Metropolitan Museum was my main feeding station. I had always been fascinated by past cultures, not Roman or Greek, but Egyptian and Sumerian, as these seemed more removed and more serious….In the case of Egyptian art, not only were there objects to look at, but spaces to step into, and portals to step through. The sometimes unintelligible and sometimes illegible hieroglyphics and the multitudes of scratches and signs of wear with all their implied mysteries, soon found their way into paintings where they were translated into personal symbols. In a sense, my work of that period, including that of the very early sixties, dealt with culture, rather than nature” 2.
1958 En janvier, Gagnon présente un tableau intitulé Bouvines dans le cadre de l’exposition nationale Art : USA : 58, tenue au Madison Square Garden de New York, Adolf Gottlieb se trouvait, entre autres, parmi les membres du jury de sélection.
Frayant occasionnellement avec les résidents de l’International House (New York), il expose, en avril, deux huiles (D’après un poème d’Aurélien Dallaire « Je t’aime », et The Signs Conquer) et une sculpture en acier, cuivre et bronze (Prototype of the Elite) lors du Festival of the Arts, et il réalise, quelques mois plus tard, les décors du ballet Chout ou le Bouffon, une œuvre de Prokofiev créée en 1920 pour Diaghilev, et dont la présentation aura lieu en décembre 1958.
En octobre, il est représenté par une huile (Dispariton du troisième) à l’exposition d’ouverture de la Galerie Artek (Montréal) – un établissement que dirige Michel Lortie, ancien camarade de classe au Collège Stanislas et fils d’importants collectionneurs d’œuvres de Borduas et des automatistes. Présent au vernissage, Gagnon fait la connaissance de Claude Toussignant et de Guido Molinari. Mis à part leur travail, la sélection comporte des pièces (entre autres) de Paul-Émile Borduas, Jean-Paul Riopelle, Alfred Pellan, Fernand Leduc, Rita Letendre, Charles Daudelin, Paul V. Beaulieu, Jean Dallaire, Suzanne Meloche, Denis Juneau, Fernand Toupin et Louis Belzile.
Au cours de l’année, Gagnon rencontre sa future épouse, Michiko Yajima, étudiante à la New York School of Interior Design.
1959 En février-mars, il expose à la Galerie Artek une sélection de tableaux récents, tel Résurrection d’un idéal perdu (cat. no 6), en compagnie de Suzanne Meloche, une artiste liée au groupe automatiste qui présente une série de gouaches noires. Ces œuvres sont reçues avec intérêt par les chroniqueurs. Certains sont séduits par la « simplicité », la « poétique » et « l’orientalisme » des toiles de Gagnon 3, d’autres signalent le « beau sens de la couleur » et le métier « déjà rigoureux » du jeune artiste 4. Rodolphe de Repentigny – à qui Gagnon dédiera une œuvre peu après sa mort survenue accidentellement dans les Rocheuses plus tard dans l’année (Hommage à R. de R., cat. no 14) – reconnaît pour sa part « que l’on ne travaille pas New York pendant des années sans en subir l’influence », mais s’empresse de saluer l’intensité et la « vive curiosité » du peintre « qui lui fait associer, avec une audace d’explorateur, les éléments les plus diversifiés». 5
Diplômé de la New York School of Interior Design, où il remporte le « Design Award » de l’année, Gagnon obtient quelques contrats comme travailleur autonome avant d’être embauché par Harvey Probber (New York), un designer et manufacturier de meubles de qui il sera l’assistant pendant un an.
Au hasard de ses visites de galeries, il assiste avec étonnements à ses premiers happenings. Le film Pull My Daisy d’Alfred Leslie et Robert Frank le bouleverse.
1960 Gagnon revient à Montréal à la mi-avril avec l’intention, entre autres, de se marier et pour approfondir sa démarche artistique. Il ne tarde pas à s’introduire sur la scène montréalaise de l’art et se découvre des « affinités sélectives » avec les artistes représentés par la Galerie Denyse Delrue, en particulier avec Jean McEwen et Paterson Ewen.
En juin, il épouse Michiko Yajima. La salle à manger de leur appartement (2055, rue Lincoln) se transforme au besoin en atelier. Ce nouvel espace, avec son éclairage naturel, aura sous peu une incidence sur sa production picturale.
Gagnon réalise ses premiers « paysages » et aborde une série de « paysages-collages ».
Dès la mi-octobre, la Galerie Denyse Delrue lui consacre une première exposition particulière où il présente des tableaux de la période new-yorkaise, du groupe des Tables/Tablettes, entre autres.
En novembre, il prend part aux expositions La Jeune Peinture, au Foyer de l’île Sainte-Hélène (Montréal) et La Peinture non figurative à Montréal [Non-Figuratifs d’aujourd’hui], à la Galerie de l’Étable du Musée des beaux-arts de Montréal; laquelle rassemble les travaux d’une vingtaine d’exposants, dont Tobie Steinhouse, Jean McEwen, Marcelle Ferron, Edmund Alleyn, Suzanne Meloche, Gérard Tremblay, Jacques Hurtubise et Jean-Paul Mousseau.
En décembre, son travail fait partie des « coups de foudre » de l’écrivain et critique d’art français Jean Cathelin, qui déclare, lors de sa conférence au Musée des beaux-arts de Montréal, le 12 du mois, que l’avenir de l’école de Montréal réside dans la contribution de talents émergents comme McEwen, Steinhouse et Gagnon. 6
Au cours de l’année, il est représenté dans deux autres expositions de groupes : Montréal Painters, à l’Université Bishop’s (Lennoxville, QC); et Les Peintres de la Galerie – Œuvres de petit format, à la Galerie Denyse Delrue.
1961 Naissance de Monika Kin Gagnon, en mars.
Mi-mai, Gagnon participe à la Quatrième Exposition biennale d’art canadien 1961*, un événement organisé et mis en circulation par la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa). Son tableau Landscape est du nombre des dix-sept œuvres acquises par la Galerie pour enrichir sa collection permanente.
Fin septembre, Gagnon figure parmi les « jeunes artistes d’avenir » sélectionnés pour représenter l’art canadien à la Deuxième Biennale de Paris, une exposition d’envergure présentée au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Guido Molinari, Toni Onley, Kazuo Nakamura, Claude Picher, James McElheron, Pierre Gendron, Yves Gaucher et Richard Lacroix complètent la participation canadienne à cet événement. Le tableau Beach (Plage) (cat. no 30) constitue son envoi.
En octobre, une vingtaine de ses « paysages » récents, tels Vallée/Valley, Été-Summer, July Painting No 1, Waterfield No 1 et Shooting Gallery (cat. nos 27, 28, 26, 29, 32), constituent le répertoire de sa seconde exposition particulière à la Galerie Denyse Delrue.
Le mois suivant, il participe à une exposition de groupe organisée par le Canadian Group of Painters à la Vancouver Art Gallery.
Au cours de l’année, Gagnon entame une série de boîtes-constructions élaborées à partir d’objets hétéroclites (petites armoires de pharmacie en bois, boîtes de conserve, tubes de dentifrice, rebuts de tapisserie, photographies assiettes de pique-nique, tubes de peinture, etc.)
1962 Il participe au 79e Salon annuel du printemps, un événement organisé par le Musée des beaux-arts de Montréal, de même qu’à l’exposition La Peinture canadienne moderne : 25 années de peinture au Canada français, présentée durant l’été à Spolète (Italie) dans le cadre de 5e Festival des Deux Mondes. Organisée par la Délégation générale du Québec à Paris, cette importante manifestation regroupe cent quarante œuvres d’une trentaine d’artistes québécois, « allant des tout premiers maîtres comme Borduas et Pellan jusqu’aux représentants de la jeune peinture actuelle ». L’envoi de Gagnon comprend deux huiles, dont Painting for a Funeral Parlor (cat. no 39), et figure au sein du corpus « Nouvelles recherches ». 7
En octobre, Gagnon propose un ensemble d’huiles et de collages de format variés (dont Monica cat. no 25), è l’occasion de sa troisième exposition particulière à la Galerie Denyse Delrue. Cette présentation est signalée avec enthousiasme dans le périodique Canadian Art. 8
À la même période, trois des ses tableaux figurent à l’exposition 19 Canadian Painters ‘62* au J.B. Speed Art Museum à Louiseville (Kent., États-Unis). Le corpus circule dans deux autres institutions américaines et comprend également des œuvres d’Ulysse Comtois, Rita Letendre, Guido Molinari, Jack Shadbolt, Michael Snow, Tom Gibson, Harold Town et Joyce Wieland, entre autres.
En novembre, Gagnon expose conjointement avec John Fox à la Galerie XII du Musée des beaux-arts de Montréal. En contrepartie des huiles « classiques » et « méditatives » de son partenaire, il propose un choix d'œuvres empreintes d’humour et de fantaisie comprenant cinq de ses plus récentes boîtes-construction, dont The Window (Box # 6), La Fenêtre, Box # 4 et No Vacancy (cat. no 40, 36, 37) une sculpture inédite montrant les entrailles d’un poste de radio (syntonisé sur CKAC!) et une sélection de tableaux (tel Suburb) complètent son envoi. La réception critique est sensible au côté subversif des œuvres de Gagnon.
Au cours de l’année, Gagnon réalise ses premières « fenêtres », entame la série des Gap Paintings et obtient une première bourse du Conseil des Arts du Canada. Son travail pictural révèle des préoccupations esthétiques que l’on retrouve dans celui d’Henry Saxe.
Il participe enfin à l’exposition de groupe Contemporary Canadian Art*, organisée et mise en circulation en Afrique par la Galerie nationale du Canada. Son envoi contient, entre autres, les tableaux Momotaro et février/February (cat. nos 12, 38).
1963 En mars, Gagnon expose à la Galerie Jerrold Morris International (Toronto). La sélection comporte un choix de tableaux provenant, entre autres, de la série des Gap Paintings.
Naissance d’Erika Kyoko Gagnon, en avril.
The Gap (cat. no 43) est primé d’une mention honorable au 80e Salon annuel du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal.
Durant l’année, Gagnon participe à plusieurs expositions de groupes : Contemporary Canadian Paintings and sculpture, à la Rochester Memorial Art Gallery de l’université de Rochester (N.Y., États-Unis); Arte de America y España présentée dans plusieurs grandes villes européennes (Madrid, Barcelone, Paris, Bruxelles, Londres, Amsterdam, etc.) : 5e Exposition biennale de la peinture canadienne 1963*, reçue en primeur en Angleterre, au Commonwealth Institute de Londres, avant de poursuivre son itinéraire au Canada : et Ten Montréal Artists, à la Galerie d’art Art House (aujourd’hui Justina & Barnicke Art Gallery) de l’Université de Toronto.
1964 En janvier, Gagnon propose un corpus constitué essentiellement d’huiles, de caséines et de dessins dans le cadre de son exposition particulière à la Galerie Camille Hébert, une institution qui le représente depuis 1962. Les tableaux The Eighth Day/Le Huitième Jour, Le Quatrième Jour/The Fourth Day et The Sound (cat. nos 46, 44, 45) sont inclus dans l’accrochage.
Naissance d’Eames Charles Gagnon, en août.
Au cours de l’année, Charles Gagnon participe aux expositions de groupes : 81e Salon annuel du printemps, aux Musée des beaux-arts de Montréal : World’s Fair International Exhibition, à la Washington Square Gallery (New York); et The Ninth Winnipeg Show, à la Winnipeg Art Gallery.
1965 Cette année marque un tournant dans la pratique de Gagnon qui devient résolument pluridisciplinaire, bientôt partagée entre la peinture, la photographie, le cinéma, et même l’environnement cinétique et sonore.
À l’occasion de sa participation à la Tokyo International Trade Fair d’avril-mai 1965, Gagnon crée, en collaboration avec James McEhleron, une sculpture devant symboliser le « papier », produit dont le Canada vise à stimuler la vente au Japon. Il s’agit d’un mannequin recouvert de papier journal installé dans une cabine de douche bleue, à laquelle il est relié par une chaîne. Également invités à soumettre leurs créations, les artistes Elza Mayhew, Yosef Drenters, Michael Pine, James Boyd, Armand Vaillancourt et Gerald Gladstone ont produit respectivement des œuvres emblématiques de l’aluminium, du blé, du zinc, du soufre, du bois et du nickel.
Le Huitième Jour II (cat. no 47) est primé d’une mention honorable au 82e Salon annuel du printemps du Musée des beaux-arts de Montréal.
En mai, Gagnon loue un bâtiment situé au 3 de la rue Saint-Paul Est, dans le vieux Montréal, et installe son atelier au 2e étage, bientôt rejoint par Yves Gaucher qui aménage le sien au 1er et par Jean McEwen qui occupera le 3e, l’année suivante. Ce voisinage se prolongera durant plusieurs années. Gaucher quittera les lieux en 1975, Gagnon et McEwen, en 1990.
Explorant les possibilités d’une structure de type déductif, il réalise au cours de l’année des dessins au pastel à l’huile comportant des impressions de mains. Cette série découle d’un « accident » récupéré par l’artiste, alors que son jeune fils, à l’équilibre encore incertain avait fortuitement imprimé la paume de ses mains poussiéreuses sur une toile en cours d’élaboration – qui se trouve aujourd’hui dans la collection de la Banque d’œuvres d’art du Conseil des Arts du Canada (Gray Field/ Champ gris, 1965-1966). Intéressé par le potentiel interactif de la peinture et par les mécanismes de la perception, Gagnon produira, dans la même foulée, des tableaux intégrant des surfaces d’acier inoxydable et d’aluminium brossés et polis. Il s’agit des œuvres de la série Espace-écran/ Space Blind (entre autres). Dont Espace-écran gris/ Space Blind / Grey et The Sound (cat. nos 54, 58) font partie.
Choisi pour concevoir l’aménagement de Pavillon Chrétien dans le cadre de l’Exposition universelle de Montréal, Gagnon entreprend ce projet d’envergure auquel il consacrera l’essentiel de son temps durant deux ans : travaillant en collaboration avec un comité de théologiens, représentants des huit grandes Églises chrétiennes au pays; effectuant de nombreuses rencontres avec des artistes, des photographes; examinant les dossiers de l’agence Magnum à New York et ceux de la photothèque du ministère de la Défense à Washington où il sélectionnera la plupart des photographies devant servir son propos; produisant enfin des trames sonores ainsi qu’un film qu’il intitulera The Eighth Day /Le Huitième Jour, d’après le thème même du Pavillon, qui rappelle que la liberté de l’Homme est constamment menacée par sa volonté (pulsion) de destruction.
Il participe enfin à diverses expositions de groupes : Sixième Exposition biennale de la peinture canadienne 1965*, inaugurée à la Galerie nationale du Canada : Primer salon panamericano de pintura, présenté à Cali (Colombie), dans le cadre du Ve Festival national de l’art; et Artistes de Montréal*, organisée par le Musée d’art contemporain (Montréal).
1966 Fin janvier-début février, Gagnon assiste aux funérailles du compositeur québécois Pierre Mercure (1927-1966), décédé tragiquement dans un accident de voiture en France. Il tourne les scènes d’un film dont il achèvera le montage en 1970.
Du 22 octobre au 4 novembre, il expose, à la Galerie Agnès Lefort (Montréal), une sélection d’œuvres de la série Espace-écran/Space Blind, telles Green Fields with Timescreen et The Sound (cat. nos 57, 58).
En cours d’année, il exécute ses premiers tableaux blanc et noir (série Probe-Enquête) et participe à l’exposition de groupe Les Peintres de Montréal, à la Galerie de l’Étable du Musée des beaux-arts de Montréal.
1967 Gagnon entreprend en janvier l’aménagement du Pavillon Chrétien où sera présenté son film The Eighth Day /Le Huitième jour (1966). À la fois documentaire et personnel, ce court métrage décrit, en un vaste collage, la triste condition de l’être humain tourmenté par des guerres incessantes et victime de leur cruauté. Largement diffusé dans le sud de la Californie, ce film qui, pour certains, aura eu un impact direct sur le mouvement d’opposition à la guerre du Viêt Nam, remportera le grand prix du Survival Fair Festival de Los Angeles en 1970. Quant au Pavillon, s’il est très controversé dès son ouverture, il suscite néanmoins d’élogieux commentaires et obtient l’un des prix décernés par le magazine Popular Photography pour le traitement exceptionnel réservé à la photographie dans le cadre de l’Exposition Universelle de 1967.
Vers avril ou mai, Gagnon réalise 8 sérigraphies qui seront rassemblées l’année suivante pour former l’album The Colour of Time/The Sound of Space, La Couleur du temps, Le Son d’un espace (1967) (cat. no 60). Présenté en primeur à la galerie Godard-Lefort (Montréal) l’hiver suivant, ce tirage « aux qualités plasticiennes » (excluant toutefois l’emploi de couleurs pures) et à « l’organisation séquentielle 9 » est unique dans la production de Gagnon.
Durant l’été, Gagnon voyage avec sa famille au Japon et fait notamment la connaissance du photographe Hiroshi Hamaya ainsi que du compositeur Toru Takemitsu auquel il dédiera November Steps /Étapes de novembre (cat. no 61), tableau dont le titre fait allusion à une pièce musicale du maître et devant lequel seront tournées les séquences de son second film, Le Son d’un espace.
En septembre, Gagnon se joint au corps professoral du département de « Communication Arts » de l’Université Loyola (aujourd’hui Concordia), où il enseigne d’abord la pratique cinématographique puis la photographie. Il cessera en 1975.
En novembre, Gagnon entreprend la tournage du film Le Son d’un espace (1968), secondé par son épouse. Essentiellement autobiographique, ce film lent et silencieux décrit, dans une atmosphère de rituel, l’expérience existentielle de l’artiste par rapport à son engagement. L’univers religieux et contemplatif de l’œuvre fait contrepoids au monde de souffrance et de conflits généralisés évoqué dans The Eighth Day /Le Huitième Jour.
Gagnon participe enfin aux principales expositions de groupes organisées à l’occasion du Centenaire de la Confédération canadienne et de l’Exposition universelle de Montréal.
1968 Gagnon produit plusieurs grands tableaux (tels Glory # 1 / Gloire # 1, Gloire # 2 et Space Blind / Dark / Espace-écran/ sombre, cat. nos 65, 66, 63), de même que des huiles comportant divers objets, tels une chaînette (Chained Pairspace / Espaces enchaînés) ou un fil à plomb (Fil à plomb/ Plumbline).
Il participe aux expositions de groupes : Canada Art d’aujourd’hui*, inaugurée au Musée national d’art moderne à Paris, et présentée subséquemment à Rome, Lausanne et Bruxelles; 10 Peintres du Québec : Alleyn, Gagnon, Gaucher, Hurtubise, Lemieux, McEwen, Molinari, Pellan, Riopelle, de Tonnancour*, au Musée d’art contemporain (Montréal) et au Musée du Québec (Québec); Septième Biennale de la peinture canadienne, à la Galerie nationale du Canada; et Canada 101, présentée au Edinburgh College of Art dans le cadre du 22e Festival international d’Édimbourg, en Écosse.
1969 Gagnon traverse une période de doute et de questionnements par rapport à sa pratique picturale et produit peu d’œuvres. Il expose néanmoins un tableau, (Étapes) Décembre (1968-1969), au Musée des beaux-arts de Montréal, lors de l’exposition de groupe Sondage 69.
En mars, il prend le relais de Jean McEwen sur les cimaises de la Galerie Godard-Lefort et propose un choix d’œuvres tirées, entre autres, des séries Probe/ Enquête, Glory / Gloire, Step/ Étape et Plumbline / Fil à plomb. Le diptyque Chained Pairspace / Espaces enchaînés (cat. no 62) est également du corpus.
À l’automne, Le Son d’un espace est présenté dans le cadre de la Sixième Biennale de Paris, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
En décembre, Gagnon entreprend le tournage d’un quatrième film intitulé R-69, d’après un grand tableau rouge d’Yves Gaucher destiné à l’exposition Grands Formats… présentée le mois suivant au Musée d’art contemporain (Montréal). Cette œuvre s’inscrit aux antipodes des recherches antérieures de Gaucher autour des notions de « non-espace, de non-physicalité, de non-couleur, etc 10. » L’initiative de Gagnon vise à documenter un aboutissement pour le moins « déconcertant 11 », mais néanmoins révélateur d’une situation à laquelle sont confrontés plusieurs artistes de sa génération (y compris lui-même), face aux limites d’une pratique trop restrictive du formalisme.
1970 Fin janvier – mi-février, Gagnon présente un de ses rares tableaux de 1969 à l’exposition Thématique Grands Formats : treize artistes de Montréal, au Musée d’art contemporain (Montréal). Au vernissage, il tourne quelques séquences destinées à son projet de film R-69, bientôt rebaptisé (R-69+), Deux ans plus tard. L’œuvre dont le pré-montage a une durée approximative de deux heures traite d’aliénation et reste, à ce jour, inachavée 12.
À l’été, Gagnon collabore à la réalisation du Pavillon Spectrafonia, un environnement son et lumière présenté dans l’ancien Pavillon des Pays-Bas de l’île Sainte-Hélène (Montréal), dans le cadre de l’exposition Terre des Hommes 70.
Durant l’année, il effectue quelques voyages, achète et rénove une ferme près du lac Massawippi, dans les Cantons de l’Est (QC), et poursuit sa production photographique.
Il participe aux expositions de groupes : Peinture québécoise 1948-1970, au Palais des Arts à Terre des Hommes (Montréal) : Montreal Painters, à la Rothmans Art gallery, dans le cadre du Festival d’été de Stratford (Ontario); et Huit Artistes du Canada, au Musée de Tel-Aviv (Israël), à laquelle participent également Jean-Paul Riopelle, Alex Colville, Guido Molinari, Joyce Wieland, Gershon Iskowitz, John Meredith et Greg Curnoe. L’envoi de Gagnon comporte, entre autres les tableaux Probe/Enquête et November Steps/Étapes de novembre, (cat. nos 59, 61).
Enfin, son film Pierre Mercure, 1927-1966 (1970) est présenté au Musée des beaux-arts de Montréal. Il s’agit du film « le plus personnel et le plus intéressant » que Gagnon considère avoir produit. « C’est une espèce d’hommage à Mercure, hommage qui est venu se joindre à ma réalisation de ce qu’était la vie, de ce qu’était la mort 13. » L’ouvrage sera présenté en Allemagne au Festival de Oberhaussen en 1971, dans le cadre d’une rétrospective du cinéma canadien.
1971 Gagnon produit un ensemble de dessins, de collages et de « blueprints », aujourd’hui détruits pour la plupart.
En avril, la Vancouver Art Gallery présente une importante exposition de photographies de Charles Gagnon qui circulera ultérieurement au pays. L’événement est organisé par l’artiste, en collaboration avec la Galerie nationale du Canada. Le corpus regroupe une cinquantaine d’œuvres produites entre 1966 et 1970, et permet pour la première fois au public de cerner les constituants propres au langage photographique de l’artiste.
Ressentant un profond besoin de se ressourcer, Gagnon s’inscrit durant l’été aux ateliers de photographie de Robert Frank à l’Apeiron Work Shop de Millerton (N.Y., États-Unis), où sera produit le multiple Millerton (cat. no 70). S’accommodant difficilement de la promiscuité et de l’atmosphère communautaire de l’endroit, il part finalement quelques jours dans le Connecticut et les États avoisinants (Maine, New Hampshire), et s’investit dans une session intense de photographie. Le fruit de ce travail sera en partie montré aux Galeries de photographies Centaur (aujourd’hui Galerie Optica) à Montréal, en 1972.
1972 En janvier, Gagnon expose en compagnie de John Max, Michel Saint-Jean, Gabor Szilasi et Normand Grégoire dans le cadre de l’exposition Five Montreal Painters aux Galeries de photographie Centaur. L’endroit est l'un des rares établissements montréalais, avec Perception (rue Mackay), à soutenir la diffusion de la photographie. L’envoi de Gagnon comprend dix-huit œuvres inédites prises durant son séjour en Nouvelle-Angleterre. L’événement est organisé conjointement par Gagnon et William Ewing, directeur des Galeries (Il fut directeur du Musée de L’Élysée à Lausanne, en Suisse, de 1996 à 2010).
Gagnon aménage un atelier à la campagne et réalise plusieurs dessins et collages, tels Collage avec timbre, Sans titre, Shift/Décalage et Aceraceæ (cat. nos 71, 72, 73, 74).
1973 Gagnon aborde la série des Markers /Marqueurs et produit de nouveaux Espaces-écrans/Screenscpaces. Il travaille à Montréal et dans son atelier des Cantons de l’Est.
De la mi-juin à la mi-août, ses trois films sont présentés dans le cadre de Canada Trajectoires 73, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.
1974 Gagnon entame, en janvier, la réalisation de Time-Screen, Thought-Space, un triptyque monumental dédié à la mémoire de Lester B. Pearson (1897-1972), homme d’État canadien et Prix Nobel de la Paix. Destinée à l’édifice qui abrite les locaux du ministère des Affaires étrangères du Canada (Ottawa), cette œuvre, qu’il qualifie lui-même de « télégramme spirituel », comporte des citations, entre autres, Pearson, Platon, Montaigne et Camus, et s’inscrit dans la filiation des Espaces-écrans/Screenspaces. Son dévoilement aura lieu en juin 1975.
Du 20 avril au 8 mai, Gagnon présente des peintures récentes et des estampes de l’album The Colour of Time, The Sound of Space /La Couleur du temps, le Son d’un espace dans le cadre de sa première exposition particulière à la galerie Malborough Godard (Toronto).
Durant l’année, les magazines Ovo Photo et Artscanada publient respectivement sept et six de ses photos inédites.
Gagnon est représenté dans les expositions de groupes : Aspects of Canadian Art, Albright Knox Gallery (Buffalo, N.Y., États-Unis); Thirteen Artists from Marlborough Godard, Malborough Gallery (New York); et Camerart*, présentée à la Galerie Optica à Montréal et au centre culturel canadien à Paris.
1975 Gagnon produit les premiers tableaux de la série Splitscreenspace /Espace-écran divisé.
Juillet marque le début de son engagement au Département d’arts visuels de l’Université d’Ottawa. Il y enseignera, au fil des ans, la photographie, le cinéma, la vidéo, le son, de même que les techniques mixtes, et quittera ses fonctions en juillet 1996.
Enfin, il participe à l’exposition Four Québec Artists, à la Owens Art Gallery (Sackville, N.-B) en compagnie de Jean McEwen, Yves Gaucher et Guido Molinari.
1976 Dans le cadre de sa première exposition particulière à la Galerie Yajima (Montréal), un établissement dirigé par son épouse, Gagnon présente, du 13 janvier au 8 février, près d’une vingtaine de photographies datées de 1969 à 1975.
En mars, il rencontre le photographe Lee Friedlander qui est de passage à Montréal à l’occasion de son exposition particulière à la Galerie Yajima (9 mars-3 avril). Celui-ci est accompagné d’un ami, le sculpteur Raoul Hague. Des liens d’amitié unissent Friedlander et Gagnon depuis lors.
Au cours de l’année, il fait l’acquisition d’un SX 70 (appareil Polaroid) pour sa production photographique, réalise quelques boîtes-constructions, telles Sous-titre : Where has de Eagle Gone et Lighwork/Afin de percevoir les choses… (cat. nos 87, 81), et entame la série des Cassations (d’après le titre d’une pièce de Mozart), dont les œuvres présentent deux espaces indéterminés.
Gagnon participe enfin à de nombreuses expositions de groupes : 5 Photographers [Five photographers], Owens Art Gallery, Mount Allison University (Sackville, N.-B.); Cent-onze Dessins du Québec*, Musée d’art contemporain (Montréal); 1972-1976 Directions Montréal, Galerie Véhicule Art (Montréal); Trois Générations d’art québécois : 1940, 1950, 1960, Musée d’art contemporain (Montréal); Destination Europe : Seven Canadian Photographers* inaugurée à la Galerie Optica (Montréal) et présentée, par la suite, en Angleterre, en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas; Forum 76, Musée des beaux-arts de Montréal; Canadian Contemporary Painters*, Harbourfront Gallery (Toronto) de même qu’au Centre culturel canadien à Paris et dans une douzaine d’institutions d’importance en Nouvelle-Zélande et en Australie ainsi qu’en Angleterre; enfin Œuvres sur papier : June Leaf, Charles Gagnon, Guido Molinari, à la Galerie Yajima.
1977 Gagnon commence à utiliser un Minox 9mm (petit appareil de manipulation rapide) dans son travail photographique.
Il est représenté dans diverses expositions de groupes : The Second Dalhousie Drawing Exhibition, Dalhousie University Art Gallery (Halifax, N.-É.); 14 Canadians : A Critic’s Choice, Hirshhom Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Instution (Washington, D.C.); Painting Now XII Agnes Etherington Art Centre, Queen’s Univertsity (Kingston, Ont.); Tendances Actuelles au Québec, Musée d’art contemporain (Montréal); Transparent Things*, The London Art Gallery (London, Ont.).
1978 À la mi-mai, Gagnon participe au Festival de Performances, au Musée des beaux-arts de Montréal. Organisé par Chantal Pontbriand, l’événement présente une vingtaine de performances réalisées par une quarantaine d’artistes, notamment Lily Eng, Suzy Lake, Rae Davis, Raymond Gervais, Tim Clark, Peter Dudar, Eric Fishl/Paul Théberge/Carol Wainio, Max Dean, Louise Guay/Marc Cramer, Vicki Tansey, John Heward, Imre Murayni, The Young Adults et The Canadian Shadow Play. Réunis pour l’occasion, Gagnon et Peter Froehlich proposent une réflexion sur la pluralité des discours et des médias et sur la menace omniprésente d’une confusion babélique où l’Homme (l’humanité), finalement, trouve son exutoire dans la mort.
Au cours de l’automne, le Musée des beaux-arts de Montréal présente une exposition majeure des œuvres de Gagnon, laquelle est assortie d’un ouvrage incontournable sur l’ensemble de sa production 15. L’événement circulera par la suite dans quatre autres institutions canadiennes (Galerie nationale du Canada, Vancouver At Gallery, Art Gallery of Ontario et Winnipeg Art Gallery).
Enfin, Gagnon est représenté dans les expositions de groupes : Modern Painting in Canada, à la Edmonton Art Gallery; et Tendances actuelles au Québec (voltes I-II), au Musée d’art contemporain (Montréal).
1979 Au début du mois de mars, dans le cadre de Photography in Canada [Huit Photographes canadiens contemporains]. Présenté au Ryerson Polytechnical Institute à Toronto dans le cadre de la conférence « Le Canada en perspective », l’événement propose également une sélection d’œuvres de Robert Bourdeau, Lynne Cohen, Tom Gibson, David McMillan, Michael Semak et Gabor Szilasi.
On note aussi la participation de Gagnon aux expositions de groupes : Pasted Paper : A Look at Canadian Collage 1955-1965, au Agnes Etherington Art Centre; et The Banff Purchase : An Exhibition of Photography in Canada*, inaugurée à la Walter Phillips Art Gallery (Banff, Alb.).
1980 En février, Gagnon expose à la Galerie Yajima une sélection de photographies de paysages réalisées au SX 70. Iain Baxter, Benno Friedman, John Pfahl, Gabor Szilasi, Serge Tousignant et Christian Vogt sont également du nombre des exposants.
1981 Gagnon entreprend les séries Inquisition, Nul état… et Quelles sont les….
Mi-juillet, il est le second récipiendaire du Banff Centre School of Fine Arts National Award, une distinction prestigieuse décernée aux personnalités canadiennes qui ont contribué de manière significative à l’avancement de la littérature, des arts visuels et de la scène. Ce prix comprend la médaille Donald Cameron, une bourse en argent et un court séjour en résidence au Banff centre Betty Goodwin (1984), Paterson Ewen (1987), Denys Arcand (1991), Michel Tremblay (1992), General Idea (1993) sont parmi les artistes de renom ayant ultérieurement obtenu cette reconnaissance, chacun dans son domaine respectif.
Profitant de son séjour en Alberta, Gagnon produit un ensemble important de photographies. C’est à la suite de ce voyage qu’il envisage de poursuivre sa production dans le désert de l’Arizona. Ces lieux auront un fort impact sur sa sensibilité.
Gagnon participe aux expositions de groupes : Peinture canadienne du XXe siècle*, inaugurée au Musée national d’art moderne de Tokyo (Japon); et Les choix de l’œil : la photographie depuis 1940*, au Musée d’art contemporain (Montréal).
1982 De la mi-mai à la mi-juin, Gagnon expose des tableaux récents issus des séries Inquisition, Nul état… et Quelles sont les… dans le cadre de sa seconde exposition particulière à la Galerie Yajima.
Durant l’été, il participe à Esthétiques actuelles de la photographie au Québec : onze photographes*, une exposition itinérante organisée par le Musée d’art contemporain (Montréal) et présentée dans un premier temps à l’Ancienne Poste d’Arles (France), dans le cadre des 13es rencontres internationales de la photographie, de même qu’à Bruxelles et dans plusieurs villes du Québec. Des œuvres de Raymonde April, Claire Beaugrand-Champagne, Michel Campeau, Serge Clément, Sorel Cohen, Pierre Gaudard, Normand Grégoire, Gabor Szilasi, Sam Tata et Robert Walker complètent le corpus.
1983 Du 21 avril au 21 mai, Gagnon expose une sélection d’œuvres provenant, entre autres, des séries Inquisition et Nul état…, à la Equinox Gallery (Vancouver).
Il voyage en Californie au printemps et à l’été, Apparition des premiers « codes » dans ses photographies, produits par le témoin numérique automatique de la caméra sur le négatif.
Gagnon est représenté dans l’exposition de groupe The Mountain : A Survey of Photography, au International Center of Photography, à New York.
1984 Voyage et photographie au Japon durant l’été.
Son travail est notamment représenté dans l’exposition de groupe Responding to Photography : Selected Works from Private Toronto Collections, à la Art Gallery of Ontario (Toronto).
1985 Gagnon participe aux expositions de groupe : Selected View : The Longstaffe Collection 1959-1984, à la Vancouver Art Gallery; et La Peinture à Montréal : un second regard*, inaugurée à la Memorial University Art Gallery (St-John’s, T.-N.) et présentée dans cinq autres institutions dans les provinces maritimes.
1986 Gagnon est du nombre des vingt-deux artistes et auteurs ayant produit, dans le cadre du projet Some Uncertain Signs, une œuvre destinée à un vaste panneau électronique situé au centre-ville de Toronto. Organisé par Public Access, l’événement est présenté de février à juillet et regroupe notamment des travaux élaborés autour de la spécificité du médium, du statut de l’art public et de la construction du discours historique. Michael Snow, Les Levine, Mark Lewis, Janine Marchessault, Barbara Kruger, Mary Kelly, Krzysztof Wodiczko figurent, entre autres, parmi les artistes invités à cette occasion. PRO/CON (PROficiency/CONtradiction) constitue la contribution de Gagnon à cet événement.
De la mi-mars à la mi-avril, son travail est représenté à l’exposition-événement Le Musée imaginaire de…, au Centre Saidye Bronfman, à Montréal.
Poursuivant son analyse des schèmes perceptifs, il entreprend, au cours de l’année, une série de tableaux comportant des mots peints au pochoir, tel Transition/Illusion/Refle[x/ct] ion, une murale installée, en décembre, dans le hall des cinémas Le Faubourg (Cinéplex Odéon), à Montréal.
1987 Les œuvres de Gagnon sont représentées dans diverses expositions de groupes partout au Canada.
1988 De février à mai, le Musée d’art contemporain de Montréal présente Ewen, Gagnon, Gaucher, Hurtubise, McEwen : à propos d’une peinture des années soixante*. Cette exposition sera de la programmation de l’American Society Art Gallery (New York) en 1989.
En novembre, Gagnon présente une douzaine de tableaux de formats variés comportant des mots (tels Archetype, Code, Artifact, Cypher, etc.), à la Galerie Sable-Castelli (Toronto).
1989 En février et mars, Gagnon voyage en Arizona et prend de nombreuses photographies. Ce séjour lui inspirera, entre autres, le œuvres des séries Histoire Naturelle et États et conditions.
Du 28 octobre au 25 novembre, il expose une sélection de tableaux avec des mots, tels Écho, Écho no 2 et Continuum (cat. nos 111, 112, 114), lors de sa première exposition particulière à la Galerie René Blouin (Montréal). À cette occasion, la Galerie publie, en collaboration avec les éditions Parachute, L’essai de James D. Campbell, Parmenidan Puzzles : Paradox and Discovery in the Paintings of Charles Gagnon.
1990 Gagnon aborde la série États et conditions.
1991 Dans les mois qui suivent sa seconde exposition particulière à la Galerie Sable-Castelli en février, Gagnon reçoit un doctorat honorifique de l’Université de Montréal et devient Chevalier de l’Ordre national du Québec. Lors de la cérémonie de remise officielle des insignes, il rencontre le pianiste de jazz de réputation internationale Oscar Peterson, artiste qu’il a découvert à l’âge de quatorze ans et qui aura contribué à sa culture musicale.
Du 11 mai au 30 juin, la Galerie verticale (Québec) expose un corpus d’œuvres photographiques de Gagnon. Son travail est également présenté durant l’été au Musée du Québec, dans le cadre de l’exposition Un archipel de désirs : les artistes du Québec et la scène internationale.
En septembre, Gagnon entreprend un long périple en voiture qui le mène jusqu’aux confins du Nouveau-Mexique. Plus de deux mille photographies prises principalement dans les États du centre-ouest des États-Unis (Dakota, Montana, Utah, Arizona, etc.) seront rapportées de ce voyage où son ami, le photographe Lee Friedlander, lui aura donné rendez-vous à Tucson, en Arizona.
Au cours de l’année, Gagnon réalise plusieurs œuvres de la série Histoire Naturelle.
1992 Dans le cadre de sa seconde exposition particulière à la Galerie René Blouin, Gagnon présente, du 29 février au 11 avril, des œuvres des séries Histoire Naturelle et États et conditions.
Durant l’année, Gagnon est représenté dans les expositions de groupes : La Crise de l’abstraction au Canada : les années 1950*, organisée par le Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa) et présentée en primeur au Musée du Québec (Québec) : Montréal 1942-1992 : L’Anarchie resplendissante de la peinture, à la Galerie de l’UQAM (Montréal). Son film The Eighth Day/Le Huitième Jour est inclus dans la rétrospective Independent Eyes : 25 Years of Canadian Independent Film Distribution, organisée dans le cadre du Festival of Festivals (Toronto).
1993 À l’automne, Gagnon présente quelques éléments des séries Histoire naturelle et États et conditions, dans le cadre de son exposition particulière à l’Edmonton Art Gallery.
Il aborde la série Table de matière.
Participe aux expositions de groupes : Pierre Dorion-Charles Gagnon-Will Gorlitz, Galerie René Blouin (Montréal); et Une tradition documentaire? Quelle tradition? Quel documentaire?*, organisée par Vox Populi et présentée à la Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce (Montréal) dans le cadre du Mois de la photo à Montréal.
1994 Du 26 février au 2 avril, Gagnon expose en compagnie de Geoffrey James à la Galerie René Blouin. Le corpus met en regard une sélection de photographies de sites miniers d’Asbestos (James) et des paysages désertiques de l’Arizona et de l’Utah de la série Table de matière (Gagnon), dont Table de matière II et Table de matière III (cat. nos 124, 125).
En mars, la Galerie Sable-Castelli lui offre une troisième exposition particulière.
Durant l’été, la Galerie René Blouin présente Charles Gagnon : Champs/écrans/boîtes/mots/codes/histoires/tables. Il s’agit d’une exposition à caractère rétrospectif de sa production comprenant onze œuvres créées entre 1962 et 1991.
Gagnon est représenté dans les expositions de groupes : Contemporary Practice : New York by Members of the Visual Arts, Univeristy of Ottawa, Carleton University Art Gallery (Ottawa) : et Gagnon, Rockburne, Tirelli, Paolo Baldacci Gallery (New York).
1995 Gagnon est lauréat du prix Paul-Émile-Borduas. Il s’agit de la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine des arts visuels. Pour souligner l’attribution de ce prix, la Galerie René Blouin expose six œuvres témoignant de trente années de création.
Participation aux expositions de groupes : Muttum : Gérard Collin – Thiébaut - Charles Gagnon-Raymond Gervais – Rober Racine, Galerie René Blouin, en collaboration avec la Galerie Rochefort (Montréal); Montréal Dada 1995, Chapelle historique du Bon-Pasteur (Montréal).
1996 Gagnon aborde la série photographique des Mythes.
En novembre-décembre, il présente, entre autres, des œuvres des séries Mythes et Histoire naturelle, dont Mythe I (A), Mythe I (B-C) et Histoire naturelle X (Loca Deserta) (cat. nos 128, 129, 123) dans le cadre de sa cinquième exposition particulière à la Galerie René Blouin.
Il est enfin représenté dans les expositions de groupes : L’Art québécois de l’estampe : 1945-1990* organisée par le Musée du Québec; et L’Œil du collectionneur, présenté au Musée d’art contemporain de Montréal.
1997 Participations à des expositions de groupes.
1998 Parcours rétrospectif de l’œuvre photographique présenté durant l’été sous le titre Charles Gagnon : Observations* au Musée du Québec. Le Corpus rassemble cent onze impressions de format identique réalisées entre 1965 et 1991. Le Musée canadien de la photographie contemporaine (Ottawa) a déjà reçu cette exposition. Des versions abrégées seront présentées au Musée de L’Élysée (Lausanne), à la Galerie d’art Leonard et Bina Ellen de L’Université Concordia (Montréal) de même qu’à la Justina et Barnicke Art Gallery de L’Université de Toronto, en 2001.
Par ailleurs, Gagnon est du nombre de la soixantaine d’artistes dont le travail est représenté dans le cadre de Peinture Peinture, un événement de grande ampleur consacré exclusivement à la peinture abstraite. Organisée par l’Association des galeries d’art contemporain de Montréal (AGAC), cette manifestation est présentée durant l’été dans de multiples établissements (galeries marchandes et universitaires, musées et centres d’expositions) au Québec ainsi qu’à Ottawa.
1999 Durant l’année, Gagnon aborde la série Ex Situ, laquelle jumelle une image photographie à un tableau monochrome à surface texturée.
Participe aux expositions de groupes : Making it New! (the big sixties show)*, Glenbow Museum (Calgary, Alb.); Déclics., Art et société. Le Québec des années 60 et 70, Musée d’art contemporain de Montréal et Musée de la civilisation (Québec); et Le Document moderniste, Galerie d’art Leonard et Bina Ellen, Université Concordia, dans le cadre du Mois de la photo à Montréal 1999.
2000 Dans le cadre de sa sixième exposition particulière à la Galerie René Blouin, Gagnon présente, du 28 janvier au 11 mars, des œuvres de la série Ex Situ, incluant l’ensemble des diptyques Ex Situ – Painted Desert/Arizona/Of Ground (cat. nos 132, 133, 134, 135).
2001 Présentation de l’exposition Charles Gagnon : une rétrospective, au Musée d’art contemporain de Montréal, du 8 février au 29 avril.
Un troisième voyage en Arizona est planifié. Le départ doit avoir lieu en février 2001.
En avril 2003, quelques jours après son retour d’un séjour photographique dans le sud-ouest des États-Unis, Charles Gagnon subit un grave accident cérébrovasculaire. Il demeure plusieurs jours dans le coma et y succombe, le 16 avril 2003.